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Photo du rédacteurMartine Marie

Masturbation féminine

Pour situer le contexte: C'est une jeune femme qui se découvre dans un miroir... Elle décide de nommer son reflet Eve.


AVEC PRÉCAUTION ET MINUTIE, je pars conquérir ma féminité inconnue.

Le reflet qui m’est renvoyé excite ma curiosité.

Debout devant le miroir, je détaille Eve,... l'autre moi.


Je ne dois pas l’effaroucher.

Elle met son destin entre mes mains ; je mets le mien entre les siennes.


Que va-t-il se passer entre elle et moi ?

Sensation étrange.


Eve m’examine....

Cette jumelle m’intrigue.


Je scrute attentivement ses yeux afin d’essayer de définir la couleur exacte de ses pupilles. C’est un mélange de noir et de vert intense parsemés de rayons légèrement ambrés. Plus que leur couleur, c’est leur expression qui m’interpelle. Il y a un curieux mariage de crainte et d’envie.

Son regard est dérangeant.

Je ne savais pas que l’on pouvait se sentir gênée par soi-même.


Elle tremble un peu.

Je dois me calmer.


Je laisse glisser mon peignoir sur le sol.

Je la découvre complètement nue.

J’ai honte de me regarder ainsi, je rougis un peu.


Je tourne la tête à droite, à gauche.

Je suis rassurée, ma jumelle, captive, continue à la seconde près à obéir aux lois de la logique.


Un peu fatiguée de m’observer en station verticale, je décide de m’asseoir sur la moquette. Assise en tailleur, mon introspection sera plus aisée. Pendant un instant, je ferme les yeux et chasse toutes mes pensées. Je veux les rouvrir en étant vraiment convaincue qu’il n’existe au monde qu’elle et moi...


A peine les paupières ouvertes que déjà elle me sourit.

C’est un bon signe...


C’est ainsi que commence, je crois, « sa » ou « ma » première aventure charnelle avec moi-même.


Ses cheveux noirs parcourent l’ovale de son visage comme des lianes folles. J’étudie et examine attentivement sa silhouette. Ses formes sont dans l’ensemble assez bien proportionnées : Jambes sculptées mais élancées, attaches fines, ventre très légèrement rebondi, épaules parfaitement dessinées ; à bien y réfléchir, je la trouve... correcte.


Ce sont surtout ses seins qui me plaisent, particulièrement de profil. Ronds et joliment galbés, ni trop petits, ni trop gros, les seins de Vénus rien que pour moi ! Et ses tétons! Mon dieu, ses tétons!... Deux belles framboises !


Si vous pouviez les voir en vrai, vous, derrière votre ordinateur, homme ou femme, je suis convaincue que vous n’auriez qu’une idée en tête : Les goûter. Non ! La vérité c'est que vous vous jetteriez dessus pour les lui sucer !


Comment ça Lecteur voyeur ? Vous trouvez que j’exagère ?

Absolument pas ! Je tente juste de faire preuve d’honnêteté !

Maintenant regardez, salivez, mais en silence s’il vous plaît !


Impatient, j'observe cet index escalader son bras et le caresser avec une infinie douceur.

Ce doigt aventurier, je le sens, est prêt à tout.


Son corps entier frémi, tremble d’être démasqué.

Je me sens voyeuse devant cette exhibitionniste qui me nargue dans le miroir.

A moins que cela ne soit le contraire ?


Qui suis-je ?

Où suis-je?

De quel côté du miroir ?


Je perds pied.

Je m’emmêle dans mon corps ; et dans ma tête. Mais qui ne la perdrait pas à s’aventurer sur les sentiers inconnus de la sensualité...


Plus je regarde mon double et plus l’envie s’accroît et se précise.

Ce désir si singulier est troublant, perturbant.


  L’index intrépide de ma jumelle continue sa quête et me guide pour cheminer sur ce corps avec lequel je vibre.


Il explore ce front lisse et petit, passe sur l’ovale de son visage à la manière du peintre.

L’Index, espiègle, continue son chemin et glisse sur l’arête de son nez légèrement retroussé.


Son doigt téméraire prend la direction de sa bouche.

Nerveux, émoustillé, il effleure doucement le pourtour de ses lèvres, si joliment dessinées qu’elles sont une invitation au baiser...

Dans mon ventre nait une curieuse sensation...


Je ne me reconnais plus.

Est-ce vraiment moi?


La jeune femme prude de toute à l’heure a disparu. Dans le miroir, celle qui s’exhibe se fait de plus en plus aguicheuse.

Dans ses yeux, brûle le désir de me séduire, de m’attirer de l’autre côté, je le sais, je le sens!


Je l’avoue, son culot provoque en moi une envie totalement lubrique.

Doucement, mon doigt s’engouffre à la rencontre de ma langue et s’entremêle langoureusement avec elle.

Je goutte et profite de ce baiser profond.


Elle adore ça.

Moi aussi.


Ses lèvres se contractent et emprisonnent ce phallus d’invention qui s’amuse à rentrer et sortir fiévreusement.


C’est délicieusement indécent.


Je la dévore des yeux.

Si je le pouvais, je me jetterais sur elle pour l’embrasser et lui goûter la peau.

J’ai l’envie furieuse de la baiser, de la mordre, de la griffer.


Son doigt ne se calme pas une seconde.

Tout excité et humide, il veut connaître, encore et encore, d’autres endroits de ce corps dont il fait partie.


Aussi léger et subtil qu’une plume, il frôle ma peau blanche, descend lentement le long du cou puis s’aventure sur mes seins. Son index se sent trop seul, ma main solidaire lui vient en aide. Il faut vraiment sans tarder gâter cette arrogante poitrine que l’index trop petit ne peut contenter.


Silhouette allongée sur le sol, je l’observe.

Parfois, son corps se soulève légèrement sous l’effet des caresses.

Au fond de ses yeux brûle le feu-plaisir.

La veine de son cou se gonfle, ses lèvres rouges sang mordillent.


Eve est insolente.

Je dois l’admettre : Eve est belle.


Je frémis avec elle.

Il n’est plus question que j’hésite.

Je ne vais plus me cacher, je vais la combler, la faire jouir, ma jolie pute adorée.


J’ai envie d’elle, de tout son être : Je lui lécherai les seins et le cou puis, dans une fougue désordonnée, je mangerai ses épaules, poserai des baisers sucrés au creux de ses reins, j’embrasserai ses oreilles et me prosternerai à ses pieds.


Eve, toi-mon-double que je déshabille bien au-delà de la nudité, regarde moi ! Viens, je suis de l’autre côté du miroir, ne baisse pas les yeux, assume-toi ! Cherche-moi et accepte ce violent désir de nous réunir. Je me donne à toi avec un amour infini.


Pendant que ma main droite écorche, enlace et caresse, ma main gauche impatiente de découvrir de nouveaux paysages dévale mon ventre et pénètre enfin au cœur du volcan. Mes doigts excités et curieux visitent ce corps que je connaissais si mal. C’est chaud et humide à l’intérieur de ma chair.


Le frottement de ma main sur mon pistil délicat fait gonfler mon sexe tout entier. C’est doux, ça glisse sous ma main.


J’adore ça.


A chaque fois que mes doigts s’engouffrent entre mes cuisses, je n’ai qu’une envie : recommencer encore et encore. J’ai l’impression de naître au plaisir. Plus je me caresse et plus je m’en sens insatisfaite.


Naturellement, un mouvement incessant de va et vient s’est installé.

Je suis trempée, inondée.

Je veux tout connaître.

Je goûte mes doigts pour savoir qui je suis.

Je comprends maintenant ce qu’est le nectar des dieux ; Il coule en moi.


Je ne peux plus m’arrêter : mes doigts entrent et sortent frénétiquement. Le détroit de la sensualité réagit.

Je découvre que j’ai le droit de vibrer pour moi.


Que se passe t-il ?


A l’intérieur de mon ventre, une émotion violente, inconnue, ne demande qu’à exploser en cris de victoire.

Je la retiens pourtant.

Ma respiration se fait plus rapide.

Tremblement de terre, le mont de vénus se dresse.

Mon ventre se tend.

Je gémis..

Face à la glace, je perds le contrôle.


Je suis belle dans le plaisir. Je ne le savais pas.


Explosion.

Quintessence du Plaisir

J’exulte.


Première fois, première rencontre avec moi-même. Les années de frustration explosent de ma bouche.

Je suis submergée par le bonheur.


Dans ce concert orgasmique, j’arrache toutes mes chaînes.

Je pleurs et je ris.


Je me trouve, pour la première fois, sublime à l’intérieur de mon désir.


Troublée, bouleversée d’avoir passé la porte de l’érotisme, je reste inerte sur le sol.

Les larmes coulent le long de mes joues.

Ma respiration se calme doucement.

Paradis trouvé, nue, étendue sur la moquette, je flotte. Il n’y a plus de temps, ni de haut, ni de bas. Le vide s’est empli du tout, le tout déborde de vide....


Avec une infinie douceur, mes mains bienveillantes effleurent ma peau. Un sentiment de plénitude s’empare de moi.


Le temps s’écoule, l’effet du plaisir s’estompe peu à peu, je reviens à moi.

Je me sens complètement perdue, j’ai du mal à réaliser ce qui s’est réellement produit.


Suis-je morte sans m’en rendre compte?

Je tourne la tête pour me regarder à nouveau dans le miroir et me rassure :


Les morts ne tournent pas la tête.

Les morts ont les yeux fermés.

Les morts ne sont pas couverts de sueur.

Les morts n’ont pas la poitrine qui se soulève à chaque inspiration.


Je suis donc en vie, pleine d'envies...

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