Connaissez-vous la sphinge ?
C’est un des nombreux monstres de la mythologie grecque. Tête et poitrine de femme, corps de lion et ailes d’oiseau, cette insatiable créature profite du sommeil des hommes pour abuser d’eux. Les pauvres bougres se réveillent alors non seulement avec une érection terrible mais avec, en plus, une déception qui ne l’est pas moins puisque la sphinge les quitte juste avant qu’ils n’aient pu jouir !
J’ai toujours pensé que ces histoires à dormir debout étaient d’une absurdité totale. Jusqu’au jour où, sous un tilleul, j’ai réalisé que derrière contes et légendes se cachaient un fond de vérité.
Je n’ai pas eu la visite de la sphinge mais celle d’une créature qui était la fois mi-homme, mi-cerf.
Que m’a-t-il fait ? Il m’a emmené dans un monde de volupté où le plaisir est sans limite. Cet étrange voyage sensoriel m’a transportée hors du temps. Il m’a provoqué des sensations si puissantes qu’aujourd’hui encore, ce souvenir excite toujours les endroits les plus secrets de mon intimité.
Je vais vous raconter ce qui s’est passé:
Il faisait très chaud ce jour-là. Je m’étais installée toute nue dans mon canapé, face à un vieux ventilateur qui faisait un bruit de moteur rouillé désagréable. Si désagréable que je me suis pris à rêver d’un petit vent frais qui viendrait me caressait la peau. L’imagination est un terreau à solution aux situations déplaisantes. C’est ainsi que je me suis souvenue qu’il y avait non loin de chez moi, dans un endroit bien caché, un tilleul qui sûrement me rafraîchirait davantage que cet ignoble engin.
Ni une ni deux, j’ai enfilé une petite culotte en coton, passée une robe fleurie et glissé mes pieds dans une paire de jolies ballerines couleur coquelicot. Et je suis partie, coussin et couverture sous le bras, en direction de cet arbre gigantesque !
10 minutes après, j’y étais !
Quelle merveille ce tilleul ! On dirait un pilier du temps, paisible et puissant ! Si seulement vous pouviez vous aussi l’admirer ! Je suis sûr que vous seriez tout autant que moi fasciné par sa grandeur et sa noblesse.
Son tronc est si imposant qu’il faudrait au moins 5 bras comme les miens pour en faire le tour. Ses branches solides et tortueuses s’étalent sur plusieurs mètres de long. Elles offrent ainsi un parasol parfait pour les siestes d’été.
J’ai donc déplié ma couverture, lancé mon coussin, retiré mes chaussures et je me suis allongée.
J’ai d’abord été saisie par le bourdonnement des abeilles qui butinaient. Entre pistils et pétales, cette joyeuse symphonie offrait un air de joie qui avait pour effet d’alléger considérablement la lourdeur de cette chaleur torride.
Les ouvrières travaillaient sans relâche, tandis que moi je commençais à bailler !
Les yeux mi clos, j’observais le soleil qui, à travers les feuilles, laissait passer des éclats de diamants. Je levais le bras et constatais avec amusement que cela formait sur ma peau des petits miroirs mouvants.
L’odeur des blés, comme des orvets ondulants à travers les chemins boisés, se glissait subrepticement à l’intérieur de mes narines frémissantes. Gourmande, je respirais à plein poumon pour ne pas perdre la moindre particule de ce parfum apaisant.
Pendant que je profitais de l’instant, je ne me doutais pas qu’un homme-cerf, caché dans les buissons, m’observait.
J’avais bien entendu un bruissement de feuilles mais j’avais mis ça sur le compte d’une brise légère.
C’est quand j’ai fermé les yeux qu’il s’est jeté sur moi. Je n’ai pas eu le temps de faire quoique ce soit que j’étais complètement paralysée . Même me mes yeux refusaient de s’ouvrir. Mes sens, en revanche, étaient en ébullition. Je sentais, je percevais tout de façon disproportionnée. J’étais devenue un petit animal aux abois. J’avais très peur. Pourtant, quelque chose au fond de moi me disait qu’il ne le fallait pas.
L’homme cerf a murmuré quelques incantations au creux de mon oreille qui ont réveillé une passion dévorante.
Il a posé ses lèvres chaudes dans mon cou et j’ai senti son corps sur le mien. Son membre viril et dur serré sur mon bas ventre me provoquait un désir fou. Ses baisers étaient enivrants et ses caresses enflammées me faisaient perdre la tête. J’avais envie qu’il m’embrasse, qu’il m’écorche, qu’il me morde encore et encore.
Comme s’il avait compris ce que je voulais, il a immédiatement cesser de me toucher ... L’homme cerf voulait me contrôler. Je ne devais rien imposer, pas même une pensée.
Pendant quelques minutes, j’ai senti qu’il me regardait. C’était terrible... J’ai cru qu’il s’en allait tandis que mon désir, lui, grandissait !
J’ai senti qu’il bougeait et qu’il revenait.
Alors, bouton par bouton, il a ouvert ma robe, a fait glisser lentement cette légère culote de coton et l’a retirée. J’ai senti ses mains puissantes et larges entre mes cuisses. Il me fouillait, me détaillait.
Puis il a contourné mes hanches et s’est aventuré sur mon ventre et mes seins...
Ses caresses provoquaient en moi une fièvre terrible. J’avais envie de me tordre, de le toucher, de crier. Mon corps entier ne demandait qu’à s’abandonner à cette passion dévorante. Cette étreinte subtilement violente était fabuleuse. J’étais dans un tourbillon de désir, prête à me laisser submerger par des plaisirs interdits.
Il a alors subitement glissé son membre dur en moi et à chaque coup de rein, je vibrais un peu plus. Chaque vague de plaisir pulvérisait les limites de mon être. Jusqu’au moment où j’ai joui si fort que mon âme et mon corps ont explosé en milliard d’étoiles. Je suis restée en suspension quelque part entre la terre et le ciel, baignant dans un océan de lumière.
Puis doucement, comme une feuille d’automne, je suis redescendue, virevoltante, sur la terre ferme. J’ai senti à nouveau le poids de mon corps. La gravité ne m’avait jamais autant pesé. Je reprenais possession de moi. Je pouvais enfin bouger.
Mais le plus douloureux dans cette chute, c’est que l’homme-cerf avait disparu... Tout du moins, c’est ce que je croyais. Car, quand j’ai réussi enfin à me lever, il y avait dans un fourré une forme qui bougeait.
Soudain, je l’ai aperçu. Il était là, juste devant moi.
Il avait une tête de cerf avec des bois majestueux. Son torse et le reste de ce son corps était recouvert de poils drus mais avait une forme humaine. Ses yeux ressemblaient à des feux.
J’ai crié pour l’appeler mais il s’est immédiatement évaporé.
Subitement le vent s’est levé, la forêt a tremblé et la pluie s’est mise à tomber. En remettant mes vêtements, je réalisai qu’il ne faut jamais rien attendre d’un amant qui porte le visage du vent.
Ouah